Étienne André est professeur à l’Université Sorbonne Paris Nord et membre du Laboratoire d’Informatique de Paris-Nord (LIPN – CNRS/Université Sorbonne Paris Nord).
Il travaille sur la vérification formelle de systèmes cyber-physiques complexes.
Nommé pour la première fois membre junior de l’Institut universitaire de France, il va mener un projet centré sur le développement de nouvelles méthodes automatiques pour vérifier le bon fonctionnement de ces systèmes soumis notamment à des contraintes énergétiques.
Le Prix de l’Institut Universitaire de France (IUF) récompense chaque année des enseignants-chercheurs pour l’excellence de leurs travaux. L’objectif est de promouvoir la recherche universitaire française, en offrant des moyens supplémentaires aux lauréats pour développer leurs projets. Ces derniers sont dispensés de certaines obligations d’enseignement pour se consacrer davantage à leurs recherches.
« C’est enfin du temps sur le long terme : cinq ans pour mener un projet de recherche, c’est une très belle opportunité pour s’investir dans une direction. »
Étienne André
Comment devient-on chercheur ?
Dans mon cas, certainement avec une part de hasard. J’avais une forme de créativité qui m’a amené à effectuer un stage de recherche en fin d’école d’ingénieur, qui m’a ensuite amené à faire un Master 2, puis à candidater pour une bourse de thèse de doctorat. Mais, si l’on m’avait demandé avant mes 22 ans ce que je souhaitais faire plus tard, j’aurais bien été incapable d’imaginer que je finirais par devenir universitaire…!
Ensuite, chercheur, je pense que c’est essayer d’apporter un petit grain de sable à l’édifice souvent intimidant des avancées des chercheurs et chercheuses nous ayant précédé.
Que représente pour vous cette nomination à l’Institut Universitaire de France ?
C’est avant tout un immense honneur, et une belle surprise.
C’est aussi plus de temps pour effectuer des recherches dans une direction donnée, en étant un peu moins sollicité en permanence par les activités administratives liées à l’enseignement. Le slogan de l’IUF est « oxygène cognitif », et il me semble très bien trouvé.
C’est enfin du temps sur le long terme : cinq ans pour mener un projet de recherche, c’est une très belle opportunité pour s’investir dans une direction.
Quel projet innovant vous a valu cette distinction ?
L’objectif de mon projet est de définir de nouvelles techniques de vérification de systèmes critiques, c’est-à-dire dont la défaillance doit être tout à fait exclue (typiquement des systèmes dont un dysfonctionnement imprévu peut entraîner des pertes de vies humaines, comme dans l’aéronautique par exemple). Plus spécifiquement, je propose de m’intéresser à des systèmes caractérisés par des contraintes temps-réel, mais aussi d’énergie.
C’est particulièrement actuel avec les problèmes d’énergie, notamment liés au contexte géopolitique.
Plus particulièrement, je souhaite proposer non seulement de vérifier de tels systèmes, mais de synthétiser des contraintes temporelles ou d’énergie garantissant leur bon fonctionnement. Typiquement, cela peut permettre de répondre à des questions telles que « quelles sont les consommations énergétiques moyennes d’un véhicule autonome qui permettent d’effectuer un itinéraire donné en un temps maximum donné ? »
Dans un deuxième temps, je souhaite également améliorer les techniques de vérification dite légère : ces techniques ne permettent pas nécessairement de prouver qu’un système (comme un véhicule autonome) sera parfaitement correct, mais peuvent permettre de détecter des dysfonctionnements, ou de garantir leur absence, sur une seule exécution du système (par exemple sur un trajet particulier d’un véhicule). L’avantage de ces méthodes est qu’elles sont légères, et peuvent s’appliquer à des systèmes plus complexes.
Quel est votre rôle au sein du laboratoire ?
Je suis responsable de l’équipe de recherche LoVe (logique et vérification), mais cette responsabilité sera de courte durée, puisque l’équipe va se scinder prochainement en deux nouvelles équipes (logique d’une part, vérification d’autre part) ; je vais pour ma part rejoindre la future équipe « vérification », qui correspond pleinement aux thèmes de ce projet.
Qu’est-ce qui vous motive dans vos recherches ?
D’abord le fait de résoudre des problèmes ouverts, qu’ils soient théoriques ou plus applicatifs…!
Ensuite, le fait d’essayer de contribuer, avec ses capacités et à sa manière, à un ensemble de connaissances qui (on l’espère) pourront faire avancer la société.
Enfin, l’aspect « formation » ou transmission, avec l’encadrement des doctorantes et doctorants en particulier.