Parmi les chercheurs nominés par l’Institut Universitaire de France en 2022, découvrez le parcours du physicien Fatih Zighem, maître de conférences et chercheur au laboratoire LSPM (Laboratoire des Sciences des Procédés et des Matériaux).
Comment êtes-vous devenu chercheur ?
Fatih Zighem : Jusqu’à la maîtrise, j’ai étudié la physique parce que la physique me plaisait, sans trop savoir ce qu’était la recherche. C’est lors de ma maîtrise de physique ici à Paris XIII (ancien nom de l’Université Sorbonne Paris Nord) que j’ai rencontré un professeur, Philippe Moch (aujourd’hui à la retraite), qui m’a initié à la physique du solide, à ce qu’était une thèse et m’a orienté vers un master 2 à l’Université Pierre et Marie Curie (aujourd’hui Sorbonne Université).
Après ce master 2, il est donc revenu préparer une thèse dans l’équipe de Philippe Moch (avec Yves Roussigné et Mourad Chérif), avant de partir en post-doctorat : 2 ans dans un laboratoire du CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) et 1 an en Belgique. Puis il réussit un concours et devient maître de conférences à l’Université Sorbonne Paris Nord. Un poste qu’il occupe depuis maintenant 10 ans.
FZ : Pour un chercheur en début de carrière, ce n’est pas forcément une bonne idée de rester dans le même environnement trop longtemps car il y a un risque de ne pas suffisamment s’ouvrir l’esprit, de découvrir d’autres façons de travailler dans d’autres équipes, et ce sont des choses qu’on est moins enclin à faire quand on a une carrière établie
Nomination à l’Institut Universitaire de France
En octobre 2022, Fatih Zighem est nommé membre junior de l’IUF au titre de la chaire innovation.
Deux aspects jouent dans une nomination de l’IUF :
- La qualité du chercheur (son CV),
- Son projet de recherche sur 5 ans. Ce projet doit être un tremplin vers l’international.
Cette nomination permet d’avoir un petit financement (15 000 euros par an pendant 5 ans), mais une aussi une décharge des heures de cours (il ne reste plus que 64 heures à enseigner au lieu de 192h), et une prime d’excellence d’encadrement doctoral versé au chercheur, qui gagne par la même occasion 1 an d’ancienneté.
FZ : En théorie, le métier d’enseignant-chercheur, c’est 50% d’enseignement et 50% de recherche. Avec l’IUF, on est déchargé de 2/3 de nos enseignements. Avec l’expérience et ça fait plus de 10 ans que j’enseigne, les cours demandent moins de temps de préparation, cela signifie que je peux vraiment me concentrer sur la recherche. Même si je suis toujours responsable d’un master, et que globalement la part administrative de notre travail, dans ses 2 volets, est de plus en plus importante.
Quel projet vous a valu cette nomination ?
FZ : Le projet IUF, c’est un peu la continuité des thèses de Stéphane Chiroli, de Nabil Challab et d’Hatem Ben Mahmoud que je co-dirige avec Damien Faurie. J’ai proposé de contrôler le magnétisme dans la matière solide avec autre chose qu’un champ magnétique.
En ce moment, je me sers notamment d’ondes acoustiques. J’essaye « in fine » de coupler ces ondes acoustiques avec le magnétisme dans la matière. Il y a beaucoup d’applications possibles, par exemple, des systèmes magnétiques d’enregistrement ou de transfert de données qui utilisent le magnétisme de manière beaucoup moins énergivores, car pour générer des ondes acoustiques on peut utiliser des tensions plutôt que des courants. Et les tensions, cela « coûte » beaucoup moins cher à générer que des champs magnétiques.
Qu’est-ce qui vous motive dans votre travail ?
La recherche, une passion en soi
FZ : La recherche, c’est une passion. D’autant plus qu’en France, on est assez libre de faire les recherches que l’on souhaite. Mais ce n’est pas que chercher, la transmission du savoir est aussi très importante. On peut chercher et trouver des choses, mais si on ne les partage pas, s’il n’y a pas de volonté de diffuser ce savoir, la recherche perd de son sens. Donc j’aime chercher à comprendre les choses, creuser le sujet, puis transmettre ce qu’on a éventuellement trouvé.
Son environnement de travail
FZ : Nous avons plusieurs laboratoires très connus ici. Ce qui compte vraiment au fond, au-delà des financements, c’est la qualité des chercheurs et l’ambiance globale au sein des laboratoires. De plus, c’est une université presque à taille humaine : on a 7 laboratoires à l’Institut Galilée, donc on se connait à peu près tous, ce qui ne serait pas possible à Orsay par exemple, cela a fortement contribué à orienter mes recherches vers des sujets de recherche à cheval entre magnétisme et mécanique par exemple. Par ailleurs, on est en Ile-de-France, donc il y a plein d’opportunités pour utiliser, ou même créer de nouveaux instruments pour nos recherches, monter des projets avec des PME dans les environs…